Mardi 27 novembre 2001
Le gospel selon Trevor Payne
par Lpô – Canoë Tempo
It started out as one show! s’exclame au bout du fil le coloré Trevor W. Payne, fondateur et directeur du Montreal Jubilation Gospel Choir. Le personnage a réussi en moins de vingt ans à rendre sa chorale si populaire que les Céline Dion, Michael Bolton et Ray Charles de ce monde se l’arrachent. Sans compter que Nelson Mandela et la reine Elizabeth II ont déjà flirté avec lui…
Des milliers de disques du Montreal Jubilation Gospel Choir se sont vendus avec les années. Le huitième opus de celui-ci vient tout juste de voir le jour en magasin que déjà les réactions se font nombreuses. Difficile d’expliquer le succès remporté par le Jubilation Gospel Choir…Nous avons débuté comme toute chorale, pour le plaisir de chanter et non dans l’objectif de vendre des milliers de disques. Mais rapidement le tout s’est développé. C’est simplement arrivé comme ça. En 1982, nous ne pensions pas qu’un jour nous chanterions pour Nelson Mandela ou la Reine d’Angleterre! confiera-t-il.
Avant de se lancer dans cette aventure, le musicien s’était aiguisé les dents avec deux formations de rock qui ont vendu plus d’un million de disques. Trevor Paynes and The Triangle et Kanda Kanda ont jouit d’une forte notoriété qui a permis par la suite au Jubilation Gospel Choir de prendre rapidement son envolée. De nombreuses collaborations avec des artistes de calibre international naîtront dans les années 80. Mais pour en arriver là, le principal intéressé a misé sur le travail et la persévérance pour conquérir son public : L’homme travaille très fort. Je crois que c’est important de laisser croire au public que c’est facile ce que nous faisons. Car si vous montrez que c’est facile, les gens se ruent sur la scène lorsque nous les invitons. Ma philosophie est : travaillez le plus fort possible et vous serez bon sur une scène. Plus vous êtes prêts, meilleurs vous serez. Ceci dit, de nombreuses difficultés sont omniprésentes pour un directeur de regroupement gospel. Nous avons eu beaucoup de départs et d’arrivées au sein de la chorale. Pour les nouveaux venus, les premiers six mois sont très difficiles. Les gens viennent parce que leurs amis sont dans la chorale ou parce qu’ils nous ont vu à la télévision. Ça semble facile parce que ce qu’ils voient est le produit fini. Mais lorsqu’ils arrivent aux répétitions, ils constatent très rapidement la difficulté de la chose.
Alors comment les recrute-ils ces fervents de gospel? Quelles sont les caractéristiques à posséder pour devenir un disciple de Trevor W.Payne? Attitude. On se doit d’avoir une bonne attitude. Pas besoin d’avoir une bonne voix. Seulement une bonne attitude. En vérité, je préfère lorsqu’ils n’ont pas une bonne voix. Nous faisons des chansons tirées du gospel traditionnel. Les esclaves ne chantaient pas en fonction de leur voix mais pour leur habileté à chanter. C’est ce qui crée le son naturel. Mais il faut avoir une bonne oreille et une bonne mémoire….
Le gospel a connu des nombreuses variations depuis les 30 dernières années. L’enseignant en musique au collège anglophone John Abbott se plaît cependant dans les racines du gospel. C’est là qu’il y puise tout son répertoire et son inspiration pour la production des disques de la chorale : Nous ne faisons pas de gospel contemporain. Notre negro-gospel s’arrête aux années 60 de Aretha Franklin et du Reverend James Cleveland. Personnellement, je n’aime pas le gospel contemporain, c’est du rap religieux. Ce que nous faisons, c’est du gospel traditionnel. Je fais mes arrangements et c’est amplement suffisant, dira le directeur.
Pour le huitième album du Jubilation Gospel Choir, il a décidé de pousser encore plus loin sa démarche artistique : Je pensais que c’était bien d’avoir un deuxième album a cappella. Mais je voulais que ça sonne différemment. J’ai pensé qu’on pourrait faire du a cappella mais avec une certaine différence. Nous avons divers instruments exotiques pour accompagner les voix. Ce n’était pas supposé être une grosse production, mais ça l’est rapidement devenu. D’où le ‘ Plus ‘ dans le titre de l’album…
Si le succès remporté par la chorale est indéniable, bonne chance à ceux qui tenteront de se dénicher une place pour les prochaines représentations, son leader s’acharne encore à viser plus haut. Il ne manque pas de projets pour 2002. Car en plus de planifier les festivités entourant le vingtième anniversaire de la chorale, il compte travailler avec la formation classique I Musici et assurer le concert de clôture du prochain Festival International de Jazz de Montreal. Sans compter qu’un neuvième album est déjà en préparation. Payne ne peut s’empêcher de souligner que Je n’aime pas être en studio, je préfère faire des concerts. J’aime les erreurs naturelles, la spontanéité. C’est vraiment la scène qui est la raison d’être de la chorale.
Fidèle à la tradition, le Jubilation Gospel Choir présentera encore une fois avant Noël une série de concerts au St-James United Church. Une excellente initiation. Jubilation garantie ou gospel remis.
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MONTREAL JUBILATION GOSPEL CHOIR
Les 6,7,8 et 9 décembre 2001
St-James United Church
463 Ste-Catherine Ouest