• By Jubilation Gospel Choir

Festival de jazz a coeur ouvert

La Presse, Montreal, Dimanche 12 Juillet 1998

FESTIVAL DE JAZZ A CHOEUR OUVERT !

Alain Brunet

La Wilfrid était devenue hier un temple du chant choral, on clôturait bellement la 19e programmation en salle du Festival international de jazz de Montreal.

L’autoroute du paradis, donc. La bretelle d’accès au Highway to Heaven était hier pavée par le Montreal Jubilation Gospel Choir. Nous étions en voiture pour un récital pour le moins habité, marquant du même coup le quinzième anniversaire de l’étiquette Justin Time.

Tiré à quatre épingles, Trevor W. Payne, leader et fondateur du choeur, nous a d’abord servi une courte introduction pianistique avant de laisser la quarantaine de voix envahir les planches. De toges vêtus, les membres de l’ensemble Montrealais, ont entonné Highway to Heaven. Les bras n’ont pas tardé à montrer le ciel. Des milliers de paires de mains n’ont pas tardé à battre la mesure.

On a rapidement bifurqué vers le continent noir, à l’origine, Nkosi Sikelel’ iAfrika, un chant zoulou considéré désormais comme l’hymne national sud-africain, fut interprété dans l’esprit de ce territoire lointain où les chorales pullullent – grande tradition gospel en Afrique du Sud.

Hamba Ku Jesus, de langue luhyia, a mis en relief le soliste Gérard Étienne. Le choeur était alors tout en nuances, jouant sur l’intensité des voix.

On a ensuite attaqué les chants sacrés afro-américains. Great Day mettant en relief la voix de Andrew Burr pour ensuite redécouvrir la voix magnifique de Sylvie Desgroseillers: Over My Head. On misait ensuite sur la puissance collective, avec Lord Is My Light, dirigée de main de maître par Payne, don’t les indications semblaient limpides.

Ranee Lee fit alors son apparition. Cette madame splendide, au sommet de son art, a jazzé Never Turn Back, un chant traditionnel afro-américain arrangé par Payne. L’auditoire fut alors soulevé. Tout à fait réussi – sauf peut-être le calibrage du son entre la soliste et la chorale. Clement C. Walker fut ensuite le chanteur principal de There Is A Balm in Gillead.

Un bluesman en soutane (rencontre assez inusitée du sacré et du profane!) a ensuite interprété O Mary Don’t You Weep. Livraison solide de Sule Michael Heitner. C’était au tour de Marie-Louise Thomas de faire valoir ses potentialités vocales.

Futé personnage tout de même, ce chef de chorale. Payne a proposé alors au public une audition au cas où le festival n’aurait plus les moyens d’embaucher le choeur. Des centaines de personnes se sont alors ruées vers la scène, premiers arrivés, premiers servis. Après que Trevor Payne chassé (non sans humour) ses professionnels pour donnner toute la place aux amateurs, il a demandé s’il y avait un soliste volontaire. Et qui a pris le micro? Lara Fabian. Emportée par l’enthousiasme, la star s’était glissée parmi les spectateurs… Inutile d’ajouter qu’elle a fait une courte et vibrante démonstration de son savoir-faire, sous le regard étonné du chef de choeur.

Puis Janique Montreuil a fait vibrer rondement la Wilfrid. On faisait le compte des soliste, et on constatait une présence importante des Haïtiens dans ce choeur Montrealais. Quand aurons-nous droit à bout de répertoire en créole, monsieur Payne?

On s’est dirigé vers le dernier droit, on a présenté aux festivaliers le Docteur Oliver Jones (l’université McGill lui a décerné un doctorat honorifique). En solo, le célèbre jazzman a joué un gospel pianistique, pour ensuite accompagner l’ensemble vicak dabs sib exécution du chant zoulou Babethandaza. Pendant que les choristes quittaient progressivement la scène en agitant leurs mouchoirs (snif), la percussionniste Francine Martel a déployé un solo de djembé bien senti.

Un échassier est alors apparu pour esquisser quelques pas de danse aux côté de la musicienne. Moment extatique, ovation, et deux rappels mettant en vedette Sylvie Desgroseilliers.

Alleluia !