Jubilation X – I’ll Take You There
(Max Roach) Rockland Music / Songs of Windswept Pacific / You Look Good Music Publishing Jubilation Big Band
6:10
(David Hess, Aaron Schroeder) Sony ATV / Rachel’s Own Music Revelation III, soloists
2:58
(A. Clayton, D. Evans, P. Hewson, L. Mullen, Jr.) Universal Polygram International Mélodie Farkas-Dayle, Sylvain Migneault, soloists Frank Marino, guitar
5:55
Jubilation X – I’ll Take You There
Just 215-2
Produit par Jim West et Trevor W. Payne
Arrangements musicaux par Trevor W. Payne, sauf indication contraire
Enregistré au Studio Victor, Montréal – Juillet et Septembre 2005
Conçu par William Szawlowski; Assisté par François Pagé
Mixé et masterisé par William Szawlowski et Trevor W. Payne
Linner notes par Andrew Jones
Photographie par James St. Laurent et Kate Hutchinson
Direction artistique et design par Reid Morris
Details de l'Album
Montreal Jubilation Gospel Choir et le Jubilation Big Band
Fondé et dirigé par by Trevor W. Payne, C. M.
avec Fontella Bass et Frank Marino
A Dream Orchestra
La plupart d’entre nous se souviennent très bien du jour exact où ils ont entendu pour la première fois la musique qui a changé leur vie. Même a l’époque des métissages musicaux, des téléchargements numériques et des sonneries de portables, on se rappelle très bien les bons vieux succès, les premières soirées de danse et les disques fétiches qui ont forgés ce que nous sommes aujourd’hui.
Pour Trevor Payne, le moment marquant fut de voir Ray Charles a la télé noir etblanc dans son petit appartement de Rosemont en 1963. Après avoir dirigé avec brio le Montreal Jubilation Gospel Choir pendant 23 ans et avoir amené le gospel à de nouveaux sommets inespérés, Payne visait au dela des étiquettes et des genres musicaux pour son disque dixième anniversaire. Son intérêt récent pour la musique du monde diffusée par radio satellite, et tout particulièrement le fascinant croisement musical actuel entre le R&B, la soul et la musique africaine, l’ont amené à se poser la question suivante; pourquoi ne pas utiliser la musique qui m’a emmené ou j’en suis aujourd’hui? Donc au début il y avait Ray Charles dirigeant son orchestre de rêve sur un minuscule piano Wurlitzer, Aretha Franklin et les Staples Singers, accompagnés des JB Horns (arrangés par nul autre que Quincy Jones), la cithare et les tablas de Ravi Shankar, sans oublier les percussions africaines de Youssou N’ Dour. Si nous étions vraiment curieux de savoir quelle musique a inspiré Payne comme compositeur, arrangeur, interprète, enseignant, chef d’orchestre, bref, la trame sonore de sa carrière, de sa vie, de ses espoirs et de ses rêves, voilà où il faudrait commencer.
Le répertoire
Choisir parmi une pré-sélection personnelle de plus de 40 titres résumant toute sa carrière de musicien pour finalement en garder une douzaine représentait un défi considérable. Allant au delà des incontournables classiques du gospel tels que « Back to The Dust » et « He’s a Shelter » du révérend James Moore (sans oublier le classique du Jubilation « A Soulful Hallelujah »), Payne débute avec « Blue Waltz » de Ray Charles, à l’origine une composition de Max Roach, solide exploration d’un indémodable rythme à douze mesures. La plupart des titres sélectionnés par Payne sont a la croisée des chemins entre le gospel et le R&B. « I’ll Take You There » est un hymne émouvant écrit par Al Bell, président de l’étiquette Stax, en souvenir de son jeune frère assassiné et dont l’interprétation par les Staples Singers, célèbre ensemble gospel originaire du delta du Mississipi, se hissa au sommet du Top Ten en 1972. « Pops » Staples et sa famille ont également immortalisé « Oh La De Da » (repris plus tard par Humble Pie) et sa soeur Mavis eut un hit en 1962 sur l’étiquette Riverside avec « Hammer and Nail » L’inspirant « People Get Ready » de Curtis Mayfield (1965) fut l’un des premiers grands succès d’inspiration gospel et fut composé peu après la célèbre Marche des Droits Civils sur Washington. Également de Curtis Mayfield, Payne a choisi le grand succès « Move on up » pièce extraite de la trame sonore de « Superfly ». Le passionné « Oh Mary Don’t You Weep » de Inez Andrew est tiré de l’album « Amazing Grace » d’Aretha Franklin, le disque gospel le plus vendu de tous les temps. Pour démontrer que le soul et l’inspiration ne se limitent pas exclusivement à Motown et au Mississipi, Payne a choisi la plus reprise des chansons de U2 « I Still Haven’t Found What I’m Looking For »; à cette époque, le groupe était très inspiré par le gospel particulièrement sur cette chanson où ils sont accompagnés par nul autres queles Staple Singers.
Musiciens allumés recherchés.
Les machines à voyager dans le temps étant plutôt rares, Payne avait définitivement besoin de jeunes musiciens allumés pour réaliser son projet et l’amener a terme. Fort heureusement, le batteur Max Sanalone, le bassiste Peter Dowse, Pedro Ullman au Hammond B3, Cécile Doo-Kingué à la guitare, David Edmead au piano, Zale Salio Seck aux percussions africaines et Payne aux instruments variés établissent un tel niveau de feeling que le Choir appuyé en plus par la meilleure section de cuivres en ville et quelques invités vedettes, ne peut finalement qu’améliorer une recette de soul qui leur est déjà unique. La brillante section de cuivres a navigué avec panache à travers les arrangements parfois assez particuliers et propres au R&B. Le jeu de sax alto de Dave Turner dans la pièce « Oh Mary Don’t You Weep » nous donne littéralement la chair de poule et imite avec brio le mezzo-soprano d’Aretha Franklin. La légendaire Fontella Bass, grande reine du R&B avec son « Rescue me » et à une certaine époque la muse attitrée de l’Art Ensemble of Chicago, ajoute un tonus musculaire très Stax à son interprétation de « Oh La De Dah ». Dans la même lançée, sa performance très intime sur la chanson titre « I’ll Take You There » est absolument irrésistible. Diamond Ormeus, la soprano du Choir, est éblouissante dans son interprétation du « He’s a Shelter » tandis que Mélodie Farkas-Dayle (soprano) et Sylvain Migneault (ténor) nous émerveillent littéralement dans la chanson « I Still Haven’t Found What I’m Looking For ». Le brilliant guitariste de réputation internationale Frank Marino nous livre ici une performance hallucinante évoquant les jours difficiles de Payne à l’époque du rock ’n’ roll. Ainsi, se conclue de façon éclatante, l’un des projets les plus ambitieux que Payne et le Choir aient jamais entrepris; un éventail majestueux de musique afro-américaine retraçant ses origines, un moment de réjouissance et de célébration exaltante.
– Traduction par Mireille-Lynn Frigault